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Ludosophie : Les jeux vidéo pris au sérieux
30 juillet 2013

Serious game et Serious gaming : Jouer va-t-il de soit ?

Retour du ludosophe...

 Longue période d’absence sur le blog comme vous aurez pu le constater. Pas mal de projets en perspective, du boulot, des examens (réussis GG), ceci explique cela. J’espère que vous aurez pu vous satisfaire des nombreux post déjà sur le blog que vous n’auriez, peut-être, pas eu le temps de lire au fur et à mesure. Absence ne rimant pas avec désintérêt, j’ai pas mal pensé au blog dernièrement et à ce sur quoi je me pencherai à mon retour.

 

Depuis la semaine dernière, j’ai été pris d’une fièvre à laquelle j’avais longtemps échappé, vous savez… Celle qui vous conduit à rechercher la quadrature du monde… Oui je me suis mis sur Minecraft… Moi aussi. Rebutant au premier coup d’œil de par son graphisme cubique, on fini par ne plus y penser et même par apprécier ce choix dans le game design. Je ne vous ferai pas un topo sur Minecraft qui est un jeu maintenant bien connu mais il y a des chances que le blog soit parsemé, prochainement, de quelques vidéos de philosophie en ce monde de liberté « a priori » totale.

 

MC2

Alors de quoi parler aujourd’hui ? Je voudrais revenir sur le thème du serious game puisqu’on m’a récemment mis devant un problème à ce sujet. En effet, dernièrement, on m’a demandé ce que je recommanderais comme solution si je devais proposer quelque chose permettant de travailler (si ce n’est d’apprendre) des langues étrangères par le jeu.

Bien entendu, j’ai commencé par regarder sur le net ce qui était proposé en termes de serious game dans ce domaine, en me consacrant sur la bonne vieille langue de Shakespeare. Des choses existantes il y en a, cependant…

Autant vous dire que l’amusement a été de courte durée. Beaucoup de ces logiciels ou applications, car c’est de cela dont il est question plus que de jeux qui, faute de moyens, sont souvent peu attrayantes au premier abord, sauf peut-être quelques uns proposés par la BBC sur lesquels j’ai passé un peu plus de temps (enfin tout est relatif…). Mais bon l’important n’est pas l’emballage mais le contenu et pour autant que l’on s’amuse (Minecraft n’en est-il pas la preuve ?)… Malheureusement, c’est bien là le problème, de l’amusement et du fun on n’en éprouve que peu car, très vite, on sent bien que l’on est plongé dans une situation d’apprenant plus que de joueur. Loin d’avoir fait le tour de façon exhaustive de la liste des serious game proposant d’apprendre l’anglais, je ne généraliserais pas ces quelques constatations et je suis ouvert, si vous-mêmes vous en connaissez, à la découverte de serious game vraiment fun. Quoi qu’il en soit, je me suis tourné vers une autre direction afin d’essayer de répondre à la question qui m’avait été posée.

 

Puisque le serious game semblait nous placer encore trop dans une situation d’apprenant et partant de l’hypothèse qu’il fallait finalement apprendre sans en avoir conscience, je me suis redirigé vers les possibilités que pouvait offrir le serious gaming. Quelle est la différence entre serious game et serious gaming ? D’après les spécialistes débattant dans la vidéo qui suit, le serious game est un jeu développé dans le but de diffuser un message, d’avoir un rôle pédagogique ou marketing. Le serious gaming, quant à lui, consiste en l’utilisation détournée d’un jeu initialement développé à des fins ludiques pour en faire autre chose. Par conséquent, concernant notre question d’apprentissage de l’anglais, on pourrait penser qu’il suffit de jouer à un jeu dans la langue qu’on souhaiterait apprendre, avec tout de même une forte propension aux dialogues pour développer notre anglais (un bon vieux final fantasy Nes ou Snes non traduit, ou encore mieux un Shenmue sur dreamcast).

Bien entendu, on peut se dire qu’il serait encore mieux d’apprendre indirectement la langue de façon vivante, en discutant avec d’autres joueurs dans la langue étrangère, plutôt que de s’en tenir à lire ou écouter un scénario en anglais… Soit, mais pour avoir passé un peu de temps sur World of Warcraft à une époque et par la suite sur League of Legend, autant dire que le vocabulaire appris risque d’être très orienté et ne saurait constituer l’apprentissage, même indirecte, d’une langue. Parler d’autre chose que du jeu en pleine partie… Mais vous êtes fous ! N’y pensez même pas, les joueurs sont là pour jouer, non pas pour papoter et, cela, ils vous le feront clairement comprendre. De plus, soyez bon très vite car les premiers mots d’anglais (ou « nurdglais » pour certains, autant être honnête) que vous risquez d’apprendre seront des superbes noms de volatiles. Les jeux en réseau ont ce caractère problématique, commun avec les réseaux sociaux, exprimer même le pire en toute sécurité et impunité, il suffit de voir le comportement de certains joueurs de haut niveau de l’ESport sur League of Legend, par exemple.

Donc, il vaut peut-être mieux s’en tenir à des jeux offrant moins d’interaction linguistique, mais proposant une vraie possibilité de travailler indirectement une langue. De fait, c’est Shenmue qui m’a semblé le plus approprié puisque celui-ci offre une trame scénaristique suffisamment élaborée et ancrée dans un cadre contemporain qui le rende accessible. Certes, le cadre, bien que contemporain, est imprégné d’une culture qui peut manquer de familiarité pour les occidentaux que nous sommes, mais exception faite de ce détail sans réelles conséquences, le jeu se prête bien mieux à l’exercice qu’un RPG. Plonger dans une langue étrangère est suffisamment difficile pour ne pas y ajouter foule d’éléments étrangers comme un monde « médiavalo-futuriste » imprégné de croisements mythologiques, de références héraldiques sur un tissu scénaristique théo-philosophique. Avec tout le respect que j’ai pour les Final Fantasy, s’attaquer au sixième volet en anglais (longtemps non traduit) peut être assez rebutant.

 

Si un jeu comme Shenmue semble plus propice au serious gaming, nous forçant à comprendre la langue pour avancer dans l’intrigue, il présente tout de même quelques contraintes. En effet, vouloir travailler ou apprendre une langue de façon ludique n’implique pas nécessairement que l’on soit un gamer chevronné. Pour un profane, appréhender le jeu nécessitera un temps d’adaptation (en termes de gameplay, par exemple) et peut-être même d’être accompagné.

D’autre part, la contrainte n’est pas seulement logiciel mais aussi matériel puisqu’il est aujourd’hui assez difficile de trouver le jeu, ainsi que la console et tous ces accessoires pour pouvoir jouer. Il suffit de voir le nombre de Dreamcast vendu en loose (sans cable, ni manette, ni jeu) sans garantie de fonctionnement sur les sites de vente en ligne pour comprendre la difficulté que pourrait rencontrer le non initié. Pourquoi se prendre la tête dans la quête d’une ancienne console à l’heure où nous disposons d’émulateurs qui peuvent très bien faire l’affaire ? Encore une fois, au-delà des problématiques logicielles et matérielles, ce sont des problématiques de l’ordre des compétences techniques de l’utilisateur dont il est question. Soit, trouver un émulateur pour nous autres habitués n’a rien de sorcier, trouver une Rom non plus d’ailleurs. Mais est-ce aussi simple pour un novice ? D’ailleurs, sait-il juste ce qu’est un émulateur et une Rom, ce que cela permet et comment ces deux choses interagissent ? C’est face à cette question : « Qu’auriez-vous à proposer pour apprendre l’anglais de façon ludique ? », que j’ai pris l’ampleur de la difficulté que pouvait rencontrer le profane et que je me suis engagé à réaliser un tutoriel pour grand débutant sur l’émulation en essayant d’aller au plus simple, quitte à ne pas être vraiment exact sur les points techniques. Cependant, une fois les généralités sur l’émulation comprisent et la possession de l’émulateur et de la rom en main, faut-il encore parvenir à faire fonctionner le tout. Configurer un émulateur n’est pas toujours une mince affaire, c’est vers ce second point que j’ai orienté mon tutoriel pour permettre aux novices de pouvoir jouer à Shenmue. Toutefois, cela m’a fait prendre conscience de la difficulté supplémentaire à laquelle se confronterait le joueur néophyte seul face à une interface rigidement complexe. Par conséquent, si le serious gaming est une alternative certaine au serious game, par trop didactique et trop peu ludique en général, il ne faut pas négliger l’ensemble de connaissances dont il faut être pourvu pour y avoir simplement accès. Élevé en partie dans les mondes virtuels, nous avons développé et acquis des habitudes qui nous semblent presque naturelles. Cependant, si nous faisons retour sur celles-ci nous pouvons prendre la mesure du parcours initiatiques et de l’apprentissage nécessaire pour jouer car il ne va pas de soit d’être un gamer. Puisqu’il est question d’apprentissage, la question qui me taraude l’esprit est : Comment apprend-t-on à jouer ? Comment apprend-t-on à se donner les moyens de faire l’expérience de l’activité vidéo ludique ? Et surtout, s’il y a apprentissage, faut-il un serious game ou pratiquer le serious gaming pour apprendre le fait même de jouer ?

 

La question de l’apprentissage du jeu est intrinsèquement liée à l’apprentissage par le jeu, c’est d’ailleurs ce que montrait déjà ce conférencier en intervenant sur l’apprentissage de Super Mario Bros (voir ce lien). Toutefois, celui-ci s’attachait particulièrement à montrer l’apprentissage du jeu sous l’angle du développement d’une optimisation de ses performances de jeu. Or, bien avant cela et le fait d’apprendre à jouer de façon optimale, c’est la question du fait de jouer de la façon la plus simple qui est déjà une problématique en soit, à laquelle certaines personnes peuvent être confrontées.

 

Je m’en tiendrais à cela pour aujourd’hui, sur cette réflexion qui me tenais à cœur et occupait mon esprit durant cette absence sur le blog. Pour tout ceux qui n’aurais jamais eu l’occasion de jouer à ce petit bijoux qu’est Shenmue, vous pouvez dorénavant le faire alors profitez en. Je précise que mon tutoriel présente l’émulateur Dreamcast NullDC version 1.0.4, fonctionnant sur Windows en 32bits ( ICI ). De plus, si vous utilisez cet émulateur, il est possible que dans le dossier « DATA » il vous manque le fichier « VMU_DEFAULT » qui est un fichier VLC media files (.bin) qui correspond à la carte mémoire pour sauvegarder vos parties. Si c’est le cas, téléchargez une autre version (NullDC version1.0.4 r136 par exemple) allez dans le dossier « DATA » copier le fichier « VMU_DEFAULT » qui est présent et coller le dans le dossier « DATA » du premier émulateur que vous avez téléchargé (Ou prenez la VMU ici : vmu_default). Concernant les ROMs…Ici et là.

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